Elle faisait des crises et tic à l'appui...
Depuis qu'on l'a changée de box, Symphony fait des crises. Comme elle tic à l'appui, c'est-à-dire qu'elle prend appui sur n'importe quel objet à sa portée avec ses incisives et qu'à force elle se les abîmes, tout point d'appui possible a été supprimé. Ceci dit dans son précédent box s'était aussi le cas, d'où notre incompréhension, car elle tape, elle fait de drôles de cris et est extrêmement nerveuse, ce qu'elle ne faisait pas avant. J'utilise donc une forme de communication télépathique pour lui demander ce qu'elle a et en quoi je peux l'aider.
Voici la retranscription d'une partie de notre conversation :
Sachka : T'es d'accord pour que je t'aide ?
Symphony : Oui.
Je ressens une immense tristesse qui émane d'elle.
Sachka : Pourquoi tu est triste comme ça maintenant ?
Symphony : Je n'ai plus d'espoir, j'en peux plus de vivre comme ça, je suis à bout !
Sachka : C'est-à-dire ?
Symphony : Elle me fait ressentir qu'elle ne supporte plus toutes ces attentes qu'on a face à elle. Elle trouve ça très déstabilisant qu'on la compare toujours à quelque chose, à des concepts de ce qu'il faut ou pas, alors qu'elle s'en sent si éloignée. Elle en peut plus qu'on l'utilise, mais qu'on ne la consulte jamais sur ce qu'elle veut elle, alors qu'elle fait vraiment de son mieux, pour plaire aux humains, en faisant ce qu'ils demandent.
Sachka : Et tu voudrais qu'on te demande ?
Symphony : Oui. Sinon à quoi bon, je n'ai plus rien à donner.
Sachka : Tu te souviens à quand ça remonte la première fois que tu as ressenti ça ?
Symphony : Elle me montre des images où je la vois toute petite, la première fois qu'on la séparée de sa maman. En fait elle s'est sentie trahie, parce que plusieurs fois les humains ont fait des trucs nouveaux pour elle, avec elle et sa maman ensemble. Elle se sentait en confiance et c'était plutôt chouette. Mais une fois, alors qu'elle suivait un humain sans la prévenir, il l'on mise dans un box. Elle me montre ces grandes parois comme une prison, le sentiment de solitude, d'être perdue. Elle s'est dit, peut-être j'ai mal fait ? Alors elle s'est appliquée à faire toujours bien, dans l'espoir qu'elle reverrait sa maman.
Sachka : Quand tu as découvert que tu ne reverrais plus ta maman ?
Symphony : Quand j'ai été laissée un très très long moment au box toute seule.
Sachka : Elle te manque encore ?
Symphony : Oui, je ne me sens pas complète sans elle.
Sachka : Tout à l'heure quand je t'es vue tellement nerveuse, qu'est-ce que tu ressentais ?
Symphony : J'en ai marre de cette vie, je ne supporte plus de ne jamais avoir ce dont j'ai besoin de ne jamais vraiment compter comme un être à part entière.
Sachka : Qu'aurais-tu besoin ?
Symphony : Qu'on m'en demande moins.
Sachka : Et ?
Symphony : D'être avec un autre cheval au box.
Sachka : Quand tu tic, quelle est la sensation ?
Symphony : C'est de la rage, son énervement, sa colère qu'elle passe en serrant les dents. Mais avec sa langue elle fait un mouvement qui rappelle la tétée. Elle lèche le bout de la surface qu'elle a entre les dents pour solliciter ce lait qui ne vient pas.
Sachka : Si tu es d'accord, je vais déjà commencer par traiter ces paramètres-là.
Puis j'ai commencé la séance de désensibilisation ciblée à distance, avec l'option : faire sur moi pour Symphony.
Au fur et à mesure qu'elle m'envoyait ses sensations, ses réflexions, je traitais ce qui venait jusqu'à ce que pour chaque paramètre j'arrive à une intensité de 0/10 :
..., je n'en peux plus de cette vie et des ces 4 murs, ...
..., je supporte plus d'être enfermée avec ces murs si hauts, ...
..., je ressens cette immense tristesse, parce que ma maman me
manque tellement fort, ...
..., je ressens une profonde tristesse d'avoir été trahie petite quand
on m'a séparé de ma maman sans me prévenir, ...
..., je ressens maintenant de la colère d'avoir été ainsi trahie, alors que
je ne le méritais pas, ...
..., je ne supporte plus d'être obligée, ...
..., je tic à l'appui, pour retrouver ma tétée, quand je me sens anxieuse,
tendue ou que je m'ennuie, ...
..., je tic à l'appui parce que je ne saurais pas faire sans, tellement j'en
ai l'habitude, ...
..., je tic à l'appui parce que je me sais pas quoi faire d'autre, ...
..., je tic à l'appui parce que j'en ai besoin, ça me rassure, ...
..., je ressens dans mes dents du haut et dans mon palais, que tiquer à
l'appui ça me rassure, ...
..., je tic à l'appui, parce que comme ça j'ai l'impression de reprendre
le contrôle, ...
..., je n'ai pas confiance en ce que la vie me réserve et en mes
capacités à gérer ce qui arrive, ...
Puis elle me fais ressentir qu'elle prend conscience qu'elle a en réalité et en définitive toujours su faire à ce qui lui arrivait. Elle se sent maintenant beaucoup moins vulnérable qu'au début. Comme on a déjà fait là un très grand pas, je décide d'arrêter la séance et de reprendre à un autre moment au besoin.